Tout n’est pas bon dans le poisson
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2019, seuls 7,2% des stocks marins de poissons seraient sous-exploités. Le reste étant soit surexploité (35,5%), soit exploité au niveau maximal (57,3%).
En effet, la pêche massive en mer a un lourd impact sur les populations de poisson. Les Européens consomment en moyenne 22 kg de poisson par an (et 35 kg pour un Français), un chiffre multiplié par 2 depuis 50 ans1.
Mais que peut-on faire à notre échelle pour manger du poisson plus durablement ? Voici les critères déterminants
Le mode de pêche du poisson
On privilégie les poissons péchés à la ligne aux poissons issus de modes de pêches destructeurs comme le chalutage ou de dispositifs de concentration de poissons (DCP). Par exemple, pour le thon en boîte, on choisit des boîtes précisant que le thon a été pêché à la canne ou à la senne sans DCP. Si ce n’est pas précisé, c’est mauvais signe…
L’espèce et sa provenance du poisson
Pour limiter l’impact de notre consommation de poisson, il faut bien évidemment éviter les espèces surexploitées. L’anguille, en danger critique d’extinction, est à proscrire ainsi que le cabillaud, la daurade royale, l’espadon, la sole, le saumon d’Atlantique, les crevettes roses, la lotte.
Quel poisson consommer pour épargner la planète ?
Comme souvent la réponse est la diversification. Les moules, les coquilles Saint-Jacques et les huitres françaises par exemple constituent d’excellentes alternatives. Comme elles se nourrissent seules, elles n’ont pas besoin de farines animales….
Selon le classement du WWF, voici quelques espèces que l’on peut consommer :
Le bar s’il provient d’élevage français certifié biologique ou sauvage provenant de pêche à la ligne en France
Le calamar d’Atlantique Nord
La carpe
Le chinchard d’Atlantique Nord
Le merlan bleu
Le thon Albacore si péché à la ligne
Le thon blanc si péché à la ligne de traine ou à la canne
Pour connaitre tous les détails et l’ensemble des espèces, on consulte le Consoguide du WWF
Pourquoi privilégier le poisson d’élevage pour limiter la pêche massive est une mauvaise idée ?
Les élevages de poissons, comme de saumon, de truite, de colin ou de cabillaud, souvent concentrés dans des installations intensives, entraînent une multitude de problèmes environnementaux (exception faites des élevages détenant un label bio ou ASC). Ces fermes aquacoles produisent des déchets organiques et des excédents de nutriments qui polluent les écosystèmes aquatiques environnants. De plus, l’utilisation massive d’antibiotiques et de produits chimiques dans ces élevages peut entraîner la contamination de l’eau et favoriser le développement de souches résistantes de bactéries.
Par ailleurs, d’un point de vue écologique ce n’est pas très rentable puisque selon Greenpeace, il faut entre 5 et 8 kg de farine de poissons sauvages pour produire 1kg de poissons d’élevage2… Donc si on souhaite vraiment consommer du poisson d’élevage on choisira un poisson herbivore qui ne sera pas nourri avec de l’huile ou de la farine de poisson.
Quid des labels ?
Si les labels ne sont pas parfaits, ils constituent une indication intéressante pour les consommateurs. Mais attention aux labels autoproclamés, il vaut mieux se fier aux labels de confiance tels que les labels bio et ASC3 pour les poissons d’élevage et les labels MSC4 (fondé notamment à l’initiative du WWF) et « Pêche durable » pour les poissons sauvages. Ces labels reposent sur des règles strictes et certifient que les poissons sont issus de la pêche ou de l’aquaculture responsables.
Le label bio en matière de poisson ne se borne pas à l’alimentation des poissons. Il fixe notamment des règles strictes en matière de densité de peuplement des bassins, de qualité de l’eau et de respect de la biodiversité.
Et enfin comme pour consommation de viande, le meilleur moyen de limiter l’impact est de limiter sa consommation. Le poisson c’est max deux fois par semaine !
1 Source : Consoguide poisson ou comment consommer du poisson différemment, WWF
2 Source : Quels poissons consommer sans nuire à la planète ?, Greenpeace
3 Source : Qu’est ce que l’ASC ?
4 Source : 6 faits sur le label MSC, WWF