Cela fait longtemps que les organisations environnementales et les supporters de la cause animale le disent : nous devons consommer moins de viande. Lorsqu’en janvier 2017, l’ANSES(1) recommande de limiter sa consommation de viande (2) à 500 g par semaine, même les plus récalcitrants devraient commencer à se poser des questions.
Pourquoi l’ANSES recommande de diminuer sa consommation de viande ?
De plus en plus d’études publiées par des scientifiques reconnus internationalement pour leur sérieux mettent en avant la nocivité de la viande, lorsque consommée en excès.
Des risques accrus de cancers
L’ANSES reprend les recommandations du Centre International de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), selon laquelle la charcuterie est cancérogène pour l’homme et la viande probablement cancérogène. Elle conseille de consommer moins de 500 g par semaine et si possible sans charcuterie.
En effet, selon l’OMS, chaque portion de 100 grammes de viande par jour augmente le risque de cancer colorectal de 17%.
Pour ce qui est de la charcuterie (jambon blanc, saucisse, pâté, etc.), ce sont notamment les sels nitrités (3) qui sont cancérigènes. Selon le Dr Fabrice Pierre de l’Institut national de recherche agronomique (INRA), la charcuterie est entre 2 à 11 fois plus cancérigène que la viande. Les Séniors qui comptent tous naturellement des cellules précancéreuses doivent donc particulièrement limiter leur consommation de viande et supprimer leur consommation de charcuterie.
La bonne nouvelle pour les amateurs de viande est que le risque de cancer serait amoindri, si au cours du même repas, on consomme des fruits et des légumes. En effet, les fruits et les légumes sont riches en molécules capables de contrer l’oxydation des lipides.
Risques cardiovasculaires et de diabète de type 2
Pour les gros consommateurs de viandes, le constat est sans appel : les risques de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2 sont anormalement élevés. La leucine, acide aminé présent dans la viande, si consommée en excès favorise le diabète de type 2. La L-carnitine, acide aminé présent dans la viande, si consommé en excès favorise l’obstruction des artères.
Selon la Harvard School of Public Health de Boston, on augmente de 19% le risque de diabète de type 2 tous les 100 grammes de viande (hors volaille) consommés par jour.
A noter tout de même, les bovins nourris au pâturage offrent une viande plus saine que celles engraissées aux tourteaux(4). Elle permet d’obtenir une viande plus riche en certains antioxydants que la viande provenant de l’agriculture conventionnelle.
L’élevage, premier émetteur de gaz à effet de serre
Entre 1950 et 2000, la production mondiale de produits carnés a été multipliée par 15. Elle devrait continuer d’augmenter rapidement du fait notamment de la croissance de la consommation des pays asiatiques. Selon l’Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « la production mondiale annuelle de viande devra augmenter de 228 millions à 463 millions de tonnes d’ici à 2050 » pour satisfaire la demande à travers le monde.
Pour répondre à la croissance de la demande, les modes de production sont de plus en plus intensifs. A titre d’exemple, 85% des 800 millions de poules élevées en France ne voient jamais la lumière du jour. Et ce sont 95% des 25 millions de porcs qui sont élevés sur caillebotis en bâtiment.
Des méthodes de production intensives qui détruisent notre environnement et gâchent nos ressources les plus précieuses.
Un kg de bœuf = 15.000 l d’eau = 250 bains
Pour produire 1 kg de bœuf, on engloutit 15.000 litres d’eau(5) soit l’équivalent d’une petite piscine. Un kilo de porc nécessite 4.900 litres et 1 kg de poulet, 4.000 litres. A titre de comparaison, il faut 1.300 litres pour 1 kg de blé et 131 litres pour 1 kg de carottes.
Des gaz à effet de serre jusqu’ici sous estimés
Selon l’Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage représente 14,5% des émissions de gaz à effet de serre (dont 9,7% pour les seuls bovins), juste devant le secteur des transports. Le bétail est également responsable de 50% des émissions de méthane et de protoxyde d’azote, deux gaz dont le potentiel de réchauffement est respectivement 25 et 300 fois supérieur à celui du CO2 (engrais chimiques et digestion des animaux).
70% de la déforestation due à l’agriculture
Dans le monde, 70% des terres agricoles sont destinées à nourrir les animaux car ils ne sont plus nourris en majorité avec de l’herbe mais avec du blé, du maïs et du soja. Pour produire 1 kg de viande, il faut produire entre 7 et 12 kg de céréales. Pour fournir suffisamment de céréales au bétail, les forêts doivent faire place aux exploitations agricoles.
Des eaux et des sols pollués
L’épandage de fumiers et de lisiers conduisent également à une pollution des eaux (nitrate et phosphore). Les pesticides et les engrais contaminent également les sols et les eaux (ex : prolifération des algues en Bretagne du fait des élevages porcins).
Quelles alternatives ?
Trouver d’autres sources de protéines
Il existe de nombreuses options intéressantes pour limiter sa consommation de viande et conserver l’apport de protéines nécessaires à sa santé : les œufs, le poisson, les produits laitiers mais également le tofu, le seitan (à base de blé, il contient plus de protéines que le bœuf), les micro-algues comme la spiruline, les légumineuses (lentilles, pois cassés, pois chiches, haricots secs, fèves, etc.), les céréales, les oléagineux (noix, noisettes, amandes, etc.) et les insectes très consommés dans certains pays. Il y a autant de protéines dans 125g de steack haché que dans 150g de lentilles, soit 27g…
S’inspirer des régimes végétariens et végétaliens
Pour compenser l’absence de protéines animales de leur alimentation, les végétaliens font preuve d’une grande créativité au quotidien. Les recettes végétaliennes ne manquent pas d’inspirer les plus grands chefs et révolutionnent la gastronomie française. Alors pourquoi ne pas s’en inspirer ? De nombreuses recettes aussi délicieuses qu’astucieuses sont disponibles sur les sites de cuisine, les magazines et les livres dédiés. Et pour ceux qui ne souhaitent pas totalement supprimer les protéines animales de leur alimentation, cela permet par exemple de réaliser une excellente mousse au chocolat sans œuf et de garder les œufs pour les savourer à la coque…
Manger moins de viande mais de meilleure qualité
Il faudra également bien choisir la viande que l’on continue à consommer. La vie étant parfois bien faite, une viande provenant d’un animal élevé dans de bonnes conditions (pâturage, alimentation biologique, etc.) est meilleure pour la santé et pour l’environnement. On pourra notamment trouver des viandes de bonne qualité chez les producteurs locaux et chez de bons bouchers. Les labels peuvent également nous aiguiller notamment le label bio européen et le label rouge (tout de même moins exigeant) et dans une moindre mesure, les AOC et AOP.